La mondialisation est entrée dans une phase où les considérations de sécurité économique et géopolitique sont prééminentes, menant à une possible logique de blocs économiques malgré les défis posés par les interdépendances globales.
Avant 2022, la mondialisation était considérée comme l’avènement d’un Nouveau Monde avec l’approbation tacite des États qui y voyaient une source de développement économique exceptionnelle.
Toutefois l’image d’un nouveau monde parfait avait déjà été écornée par la crise financière de 2007-2009 et les conséquences qui en avaient suivi, avec une prise de conscience des vulnérabilités dues aux interdépendances économiques globales. Onze ans plus tard, c’est la crise de la Covid-19 qui a particulièrement révélée la fragilité des chaînes d'approvisionnement, entraînant un changement de paradigme avec une réflexion nouvelle visant un retour vers la sécurisation des chaînes de valeur et la relocalisation de la production de biens stratégiques. Sensibilisation parachevée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie qui a perturbé un certain nombre de sources d’approvisionnements en Europe, et qui (re)pose la question récurrente des relations économiques et politiques avec la Chine.
L’Amérique de Joe Biden a réagi par l’adoption de politiques telles que le « friendshoring », qui vise à renforcer les liens commerciaux avec des alliés partageant des valeurs communes ou de lois comme l'Inflation Reduction Act et le CHIPS and Science Act mises en place pour soutenir l'industrie verte et rétablir le leadership américain dans les technologies avancées. L'Union européenne adopte, elle, une approche moins agressive tout en tentant de poursuivre des objectifs similaires dont on peut se demander si elle y arrivera par la mollesse affichée. Enfin la Chine poursuit sa politique ambivalente en fustigeant d’un côté le protectionnisme occidental, et en introduisant de l’autre des lois pour la sécurisation de ses intérêts nationaux.
