L'édition 2023 du programme mondial de Deloitte sur les femmes dans les conseils d'administration révèle que les femmes occupent moins d'un quart des sièges dans les conseils d'administration mondiaux (23,3 %). Malgré une augmentation de 3,6 % depuis 2022, la parité de genre reste un objectif lointain, potentiellement inaccessible avant 2038, en progression toutefois par rapport à la précédente étude qui plaçait cette date à 2045, soit une réduction du délai de 7ans.
Un phénomène apparait au sein de l’étude : l'action gouvernementale donne des résultats. Cinq des six premiers pays avec le pourcentage le plus élevé de femmes siégeant dans les conseils d'administration ont érigé un contexte législatif sur la notion de quotas, avec pour résultat un pourcentage relevé de 33% en Belgique et aux Pays-Bas et de 40% en France, Norvège et Italie. Et les initiatives gouvernementales continues au Royaume-Uni, par l'utilisation d'objectifs, par exemple, (le Davies Review de 2011-2015 et le Hampton-Alexander Review de 2016-2020), ont également porté leurs fruits : les femmes détiennent maintenant plus de 40% des sièges dans les conseils d'administration du FTSE100.
Lors de la mise en place de ces quotas, les adversaires au projet craignaient qu’il en résulte un même petit cercle de femmes se voyant demander de servir sur un grand nombre de conseils. L’expérience montre que cela n’a pas été le cas même s’il faut remarquer qu’en moyenne dans le monde, une femme possède plus de mandats qu’un homme de l’ordre de 10%.
Néanmoins, l'action législative seule est insuffisante pour atteindre la parité. Le rôle des investisseurs est également prépondérant. En examinant les politiques de vote de plus de 100 grands investisseurs, Deloitte a trouvé que deux tiers des Investisseurs Institutionnels britanniques et américains avaient une politique de vote qui fixait un objectif de diversité de genre. Au Royaume-Uni, par exemple, le taux de nomination des femmes dans les conseils du FTSE100 s'élevait à 47 % en 2023, contre seulement 30 % en 2017. Aux États-Unis, en 2023, à travers le Russell 3000, 38 % des nouveaux membres de conseil étaient des femmes. Mais tant que les hommes détiendront la majorité des sièges des conseils d’administration et continueront d'obtenir la majorité des nouveaux sièges, la parité ne pourra être atteinte.
Aucun pays n'a dépassé le seuil des 45 % pour la présence des femmes dans les conseils d'administration de l'échantillon, mais dans plusieurs d'entre eux, les femmes détiennent la majorité des sièges ou des rôles de président de comités de conseil. Les femmes occupent la majorité des rôles de président de comité de rémunération au Royaume-Uni, en Italie, en France et en Irlande. Bien que les quotas et les objectifs puissent aider à diversifier les conseils d’administration, la parité au titre des rôles de président et de PDG semble encore grandement inatteignable.
